La 1 finit son année dans le sang et la douleur! Bon, surtout Dan…

Ce dimanche voyait, au stade Marin, le début des matchs retour du championnat de N3 de notre équipe 1. Ayant battu tous ses adversaires, elle les abordait avec une confiance et une décontraction légitimes bien que peut-être un peu trop anticipées… Le temps était triste, très triste… Seul un Breton dépressif et neurasthénique l’eût trouvé à la limite du supportable: un gros crachin et une température si basse qu’elle inspirait à mon compagnon de banc de touche une réflexion empreinte d’angoisse: « Je ne sens plus mes doigts! Ils vont tomber!!!!! »

Je ne vous le cacherai pas, la première mi-temps fût d’une tristesse incroyable. Les meilleures occasions étaient à mettre à l’actif du CFP, nos visiteurs du jour. L’un de leurs attaquants se retrouvait même seul face au but vide à seulement 5 mètres de la ligne et envoyait inexplicablement la balle en sortie (j’en profite pour lui rappeler que sa petite enveloppe lui sera donnée par le Gros Nono, notre charmant homme main, au fond de l’impasse du sans-retour, ce mercredi à 2h45…).
L’ennui relatif qui guide la narration de cette première période me permet, chers lecteurs, de vous faire bénéficier de réponses que je dus donner à quelques charmantes têtes blondes qui étaient sur le bord du terrain et qui, voyant Cyril enfiler le costume de gardien, m’assaillirent de questions sur cette noble confrérie qui fut assez peu mise à l’honneur dans ces lignes depuis le début de saison. Je vous livre la conversation telle qu’elle se tînt, ou presque…
– Oooooooooh, c’est qui lui?
– C’est Cyril, notre gardien de but.
– C’est quoi un gardien de but?
– C’est un joueur un peu spécial qui est là pour empêcher la balle de rentrer dans le but.
– C’est quoi un but?
– In peto: la conversation promet d’être longue… Sourire et: Tu vois la petite cage au bout du terrain avec les filets. C’est çà. Si la balle rentre dedans, çà fait un point.
– Dans le filet?
– Oui.
– Alors le gardien de but, il est dans le filet, comme un poisson?
– Non!
– Si, même que moi je me suis approché un jour et ben il sentait pareil qu’un poisson pourri!
(NDLR: interrompons ces charmants échanges afin d’exprimer toute notre compassion à tous les gardiens de hockey de la Terre et d’au-delà, si importants et pourtant si désagréables olfactivement à côtoyer…)
– Mais non! C’est son matériel! Pour le gardien de l’équipe en face, il faudrait vérifier, mais pour Cyril, je t’assure que c’est son matériel!
– Pourquoi il est pas de la même couleur que les autres?
– Pour qu’on le voit bien sur le terrain.
– Ah… Et pourquoi il a de grosses jambes et un casque?
– Toujours le matériel. Les jambes, ce sont des guêtres. Cà a l’air très impressionnant parce que Cyril, en plus, a de gros mollets… Et sur sa tête, le casque sert à protéger la balle.
– Hein?
– Eh oui, il a la tête tellement dure que si la balle le touche à cet endroit, elle risque de se casser. Et c’est cher une balle, alors on fait attention…
– Noooooooooon!!!!!!!
Ah! Chers bambins… Nous verrons plus bas que cette particularité physique de Cyril ne s’applique malheureusement pas à Dan. Mais ne brûlons pas les étapes…

La première mi-temps s’achevait donc sur un triste 0-0 pluvieux et frigorifiant. Les quelques Teckels présents s’ennuyaient ferme et la nervosité ambiante montait doucement mais sûrement.

Au troisième quart-temps, la balle continuait à circuler gentiment entre les joueurs saint-mauriens qui peinaient à franchir la ligne d’avantage, et était parfois emmenée avec beaucoup d’incisivité (ndlr: ce mot aura fait bondir les amoureux du Petit Robert que vous êtes, mais il est bien comme l’efficacité de nos adversaires en ce jour… inexistant…) vers nos buts. Sans réussite, donc.

C’est au final dans le quatrième quart-temps que les choses s’emballèrent.

Pour notre plus grande consternation, Daniel voulait faire la preuve qu’il avait lui aussi la tête dure et n’hésitait pas à essayer de reprendre de l’arcade sourcilière une balle (très) mal contrôlée par un adversaire. La balle franchissait l’épiderme en se glissant entre deux pores de transpiration, froissait, en entrant dans le derme, deux ou trois muscles érecteurs de poil, effrayait une glande sudoripare exocrine qui allait se cacher derrière une glande sébacée qui passait par là, atteignait l’hypoderme où, en raison du manque de cellules adipeuses, elle ravageait les réseaux veineux et artériels et picotait les terminaisons nerveuses avant d’être arrêtée net entre la plaque orbitale de l’os ethmoïdal et la suture frontozygomatique. En bref, il a eu mal et çà a saigné.
La bonne nouvelle est que Dan va bien. La mauvaise est qu’il sera dorénavant marqué d’une cicatrice partant de la pommette et remontant jusqu’au cuir chevelu en passant par son œil. J’en entends déjà qui commencent à chanter le générique d’Albator… Et je dis non! Nous ne profiterons pas de ces lignes pour affubler notre malheureux milieu de terrain d’un sobriquet fondé sur le physique! Non-non-non-non! Non et re-non. Non, non… Non? Vous êtes taquins… Toujours est-il qu’il devait nous quitter et que son talent allait nous manquer, un peu.

En effet, Dan joue dans notre équipe le rôle si important de livreur à domicile sur les petits corners. Vous le verriez partir sur sa petite mobylette rouge de la ligne de fond pour livrer la balle à Dada qui la sert sur un plateau à Alex qui l’expédie dans la crosse de Papy… De l’horlogerie suisse! Une phase de jeu qui nous a sauvés sur bien des matchs depuis le début de saison… Et là sans Dan, l’obtention d’un petit corner à cinq minutes de la fin du match nous plongeait dans la perplexité. C’est Quentin qui se proposait finalement pour donner la balle. Hélas, là où Dan est une mobylette pétaradante, Quentin faisait office de diesel… Sa donne manquait Dada de trois bons mètres et nous ne devions qu’à notre opiniâtreté et à la maladresse adverse d’obtenir un nouveau petit corner. Ce devait être le bon! La donne était cette fois parfaite, trouvait Dada, qui trouvait Alex dont le push, repoussé une première fois, était finalement repris de volée et à bout portant par un Quentin venu très rapidement couvrir le premier poteau.

1-0!!!! Enfin!!!!

Le CFP poussait et mettait beaucoup d’agressivité en fin de partie. Agressivité qui conduisait à un léger énervement de Quentin qui, après avoir été bousculé, mettait une main sur le col de son adversaire, une main sur l’élastique de son short, prenait trois pas d’élan et le propulsait hors du terrain après un fort beau vol plané qui, incompréhensiblement, ne provoquait pas l’admiration des arbitres. Qu’il était pourtant beau cet aéronef vert qui battait des ailes pour tenter vainement de retrouver un semblant de dignité en plein vol… Comme il aurait sans doute aimé aussi avoir un train d’atterrissage…
Nous tenions le choc et finissions par remporter une partie qu’un ou deux ans en arrière, nous aurions sans doute perdue.

Neuf, matchs, neuf victoires, nous passerons l’hiver au chaud! Place à présent à la salle mais nous sommes impatients de vous retrouver, et de nous retrouver nous-mêmes, aux beaux jours pour savoir si nous pourrons maintenir ce remarquable état de forme!