La 1 en classe de Mer!

En ce début de semaine, le coach de l’équipe 1 a vendu du rêve à ses joueurs, enfin, surtout à ses joueurs néophytes.

– « Mes garçons, ce week-end, nous allons à Mer!.

-C’est où, coach?

-Au sud d’Orléans, c’est assez loin. »

Tous les éléments du quiproquo étaient posés. Car cher lecteur et supporter, si l’on te dit dans la même phrase les mots « mer », « sud » et « loin », ne penses-tu pas immédiatement aux plages de sable blanc, à l’eau bleue méditerranéenne ou caraïbe, aux bikinis et au chant des cigales?

Eh bien moi si. Et notre arrivée en la bourgade de Mer, ville sans doute charmante mais qui a pour plages les immenses champs de blé de la Beauce, pour eau bleue les méandres verts de la Loire, pour bikinis les vestes molletonnées qui siéent parfaitement au climat continental du centre de la France et pour cigales les corneilles et corbeaux qui cherchent les charognes de campagnols et autres musaraignes éparpillées dans les champs sus-nommés, fût un coup terrible porté à mon moral et à mon enthousiasme.

L’équipe locale nous réservait toutefois un accueil plus que chaleureux qui trouvera son apogée dans le partage d’un punch qui nous a momentanément transporté sous des latitudes plus clémentes. Mais je brule les étapes, parlons du match.

Ce dernier commençait bizarrement pour notre équipe qui ne parvenait pas, lors des premières minutes à passer la ligne médiane de façon ordonnée. La faute à un attaquant qui traînait son envie de mer, de vraie mer s’entend, et qui se retrouvait systématiquement à l’opposée du jeu, donc inutile. Les milieux parvenaient toutefois à planter quelques banderilles qui faisaient briller le gardien adverse.

Notre sagace entraîneur, voyant la détresse manifeste de sa ligne d’attaque, décide d’en changer la pointe. La rentrée de Christo allait changer la physionomie du match et donner une leçon de placement au jeune buteur que je suis. A mes démarrages de tracteur poussif, à mon envie de faire rentrer dans le but la balle, l’équipe adverse et la plupart des spectateurs et à mon placement disons… approximatif, succédaient l’à-propos, l’élégance, l’économie de gestes et d’énergie d’un Christo en grande forme. Imaginez un échassier avançant gracieusement dans un étang, l’œil à la recherche de la moindre proie, une patte après l’autre sans déranger les nénuphars et capable, après plusieurs minutes d’une immobilité parfaite, de fondre sur son objectif avec la vitesse et la précision d’un faucon…

Pratiquement dès sa rentrée, Christo héritait d’une balle dans la surface adverse et se présentait cordialement face au gardien. Cordialement car ce face-face fut l’occasion d’un magnifique échange de politesses entre les deux protagonistes. Tout commençait avec un tir un peu mou de Christo sur le gardien de but…

– « Cher ami gardien, je ressens là ton désarroi de te trouver en position si défavorable. Permets-moi d’alléger ton angoisse en poussant la balle dans tes guêtres de façon à ce que tu puisses, sans trembler, la repousser sur le côté.

– Voilà qui est fort urbain! Dans ces conditions, je laisserai la balle à ta portée afin que tu puisses la reprendre et me contourner avec tact et délicatesse.

– Je t’en remercie et ne supporterais pas de te décevoir. Vois comme j’exécute à la lettre tes consignes afin de glisser la balle dans le but que tu as laissé vide.

– Ce n’est que justice, tu fus fort aimable

– A très bientôt alors! »

1-0 pour Saint-Maur!

Mer commençait alors à pousser pour revenir et multipliait en second quart-temps les occasions devant notre but, nous laissant l’inconfortable option d’opérer par contres. Sur l’un d’entre eux, Yann, après avoir dribblé la moitié de l’équipe adverse sur le flanc droit et feinté le gardien, manquait d’un rien le cadre. Sur une autre, David, au bout d’une superbe percée, manquait son shoot en revers et hurlait sa rage à la face des cieux, les pointant du doigt et promettant  d’inscrire un revers dans ce match. L’éclair et le tonnerre qui suivirent cet éclat faisaient rentrer la partie dans une dimension surnaturelle.

Malheureusement, les joueurs de Mer allaient les premiers profiter de l’arrivée des esprits dans cette partie. Sur un cafouillage anodin dans notre surface, un attaquant de Mer réussissait une reprise venue d’ailleurs qui, s’enflammant, transperçait le gant de notre gardien incrédule et finissait sa course dans le but.

1-1 à la mi-temps.

Le troisième quart-temps démarrait pour nous de la meilleure des manières. Sur un petit corner, la balle était poussée dans la surface et semblait vouée à être dégagée quand soudain surgit Papy qui d’une déviation pleine de maîtrise faisait entrer la balle dans le but sous l’œil médusé d’un gardien interdit.

2-1 pour Saint-Maur!

Physiquement et techniquement, cette période était à notre avantage. Christo, qui refaisait son apparition en pointe, allait encore démontrer la justesse de son jeu et l’emprise qu’il avait sur la ligne défensive. Sur une balle forte envoyée vers les buts de Mer de l’extérieur de la zone, la balle ricochait sur plusieurs défenseurs avant d’arriver sur Christo qui manquait sa reprise et ne cadrait pas son tir.

-« Fichtre!, s’écriait-il, Cette balle m’a traîtreusement trompée. Elle eut dû se diriger vers le but et non vers l’extérieur! »

Sa détresse était immédiatement comprise par l’un des défenseurs de Mer.

 » N’ait crainte, ami saint-maurien! Ton courrou et ta déception sont forts légitimes et je ne supporterai pas que tu souffres d’une telle injustice! Vois comme je rectifie la course de cette vile sphère afin qu’elle atteigne ton objectif! »

Et 3-1 pour Saint-Maur!

La pression continuait à augmenter pour les joueurs de Mer qui voyaient, l’une après l’autre, les vagues (oui, bon, vague, mer… il fallait bien que çà sorte à un moment ou à un autre…) saint-mauriennes échouer dans leur surface. Tirant enfin profit des enseignements de Christo, JB parvenait à se retrouver en position favorable à plusieurs reprises. Si l’une aboutit à un malheureux contrôle raté, les autres étaient plus probantes: une reprise en raclette dos au but qui frôlait le poteau adverse à mi-hauteur, une reprise sortie de justesse par le gardien suite à une course folle et à un centre de Benj côté droit… Et enfin une reprise avortée en shoot coup droit à cause de l’intervention d’un David tellement concentré sur son objectif du jour qu’il tentait encore en vain un shoot revers en bout de course (promis c’est la dernière fois que je centre le récit sur moi!!!).

Ce n’était pour David que partie remise puisqu’il parvenait enfin au début du quatrième quart-temps, et après 1549 tentatives infructueuses depuis le début de sa carrière, à marquer d’un tir en revers. Il pouvait enfin regarder les cieux, apaisé et digne, drapé de l’aura de celui qui a accompli sa destinée.

4-1 pour Saint-Maur.

La fin de match restait globalement dominée par des Saint-Mauriens sûrs de leur force. Nico, arrière droit depuis la sortie de Gonzague dont la main avait une fois de plus été maltraitée par les crosses adverses, offrait une démonstration de vitesse à un attaquant de Mer incrédule. Notons que Mer réussissait sur un petit corner finement joué à réduire le score mais l’essentiel était assuré.

Victoire 4-2 pour Saint-Maur!!!

La suite de ce déplacement fut l’occasion de goûter diverses spécialités locales comme le punch, le Saint-Nicolas de Bourgueil, les ravioles de homard et le crumble aux pommes. Toute l’équipe (ou presque) avait en effet choisi de prolonger la soirée dans une auberge proche du stade, les 3 maillets, où nous pûmes laisser libre court à notre satisfaction.

Rendez-vous dans 15 jours pour un gros match à domicile face à Orléans!