Et pendant que la Une perd à Orléans…

Chères familles de hockeyeurs et de hockeyeuses, notre résumé de match sera pour vous cette semaine. Pour vous qui subissez notre calendrier, pour vous qui n’en pouvez plus de voir revenir vos compagnes et compagnons dans tous les états possibles et imaginables. Pour vous qui en êtes réduits à prier tous les dieux le dimanche matin dans l’espoir que votre sportif (enfin, c’est ce qu’il dit…) ramène enfin une victoire et un sourire à la maison. Pour vous qui faites les plus grands sacrifices. Pour vous, avec tous nos remerciements!

Notre équipe 1 jouait ce week-end à Orléans.

Samedi, 22h50: « A Orléans??? » Vous l’aviez oublié et aviez convié l’ensemble de ses amis le dimanche à midi pour faire un barbecue surprise rien que pour votre hockeyeur. Certains avaient pris l’avion, étaient venus de très loin. Vous aviez tout prévu: animations, traiteur, son groupe de musique traditionnelle tadjik favori (encore un truc qu’il ne vous avait pas tout de suite annoncé et que vous avez découvert en aménageant avec lui) et même, en petit cadeau, une énième crosse de hockey car vous avez compris depuis bien longtemps que les montres (sauf si c’est un chronomètre pour les entraînements de hockey), voyages (sauf si c’est pour aller à la Worldleague de hockey) ou autres dîners (sauf si c’est avec ses potes du hockey) ne lui mettraient jamais des étoiles dans les yeux.
Ils jouent donc à Orléans, à 11h. Et là, votre esprit aiguisé se livre à un calcul rapide: 11h, donc rendez-vous sur place 1h30 avant, 1h30 de trajet car il faut prévoir large. Cà veut dire rendez-vous à Rabelais à 7h45. Le temps de se lever, de préparer en catastrophe son sac qu’il n’a pas eu la prévoyance de faire la veille… Vous vous rendez compte avec effroi que votre dimanche matin va commencer à 6h et que quand il partira, pressé et déjà stressé, il va probablement claquer la porte et réveiller dans les cris et les larmes vos deux enfants, votre chat et votre perroquet. Et probablement vous laisser sans voiture puisque c’est loin Orléans et que, lui, il a cinq places.
C’est avec un « C’est vrai! J’espère que tu t’amuseras bien! » que vous accueillez la nouvelle en notant mentalement de verser un tube de laxatif dans sa prochaine bière qu’il sirotera en rentrant le soir « parce que la journée a été longue et éprouvante ».

Dimanche, 6h45: la petite Mathilde est enfin calmée mais refuse de lâcher vos bras. Le grand Philibert, auquel son papa avait promis un tour sur les bords de Marne en vélo, s’est enfermé dans sa chambre et, en passant dans le salon, vous apercevez Méphisto, votre charmant chat-sphynx (un cadeau de sa mère), qui a découvert le code du cadenas de la volière du perroquet.

Dimanche, 7h00: vous avez sorti le chat de la volière, mis un cadenas à clé (en espérant que votre monte-en-l’air de chat n’utilisera pas l’une de ses griffes pour le crocheter), soigné les griffures que le charmant animal, réfractaire à l’idée de perdre ainsi son petit déjeuner, vous a faites sur les avant-bras. Votre cadette est prostrée dans un coin de la salle de bain, se balançant d’avant en arrière en rebouclant sur les images de Méphisto, toutes griffes et dents dehors, feulant et luttant pour ne pas sortir de la cage. Le grand sort de sa chambre en trombe en hurlant « J’AI FAIIIIIIIM!!!!! »

Dimanche, 7h30: Vos enfants ont fini de déjeuner. Vous les douchez et les habillez, vous leur mettez le DVD de la « Reine des neiges ». Mathilde est ravie. Philibert vous accuse de favoritisme car lui voulait voir « Les scarabées mutants contre-attaquent les zombies nudistes ». Il retourne s’enfermer dans sa chambre en criant « J’TE DETESTE!!!! ».

Dimanche, 7h50: Vous êtes sous la douche à votre tour lorsque le téléphone sonne. Vous criez à Philibert d’aller répondre. Et il vous répond: « Non! » Vous sortez donc en hâte de la douche, vous enroulez dans une serviette, glissez, vous rattrapez au mitigeur qui s’incline tout à coup selon un angle improbable. Traversez en courant l’appartement et décrochez votre téléphone: « Mon amour? Tout va bien? Tu as l’air un peu essoufflée? Juste pour te dire qu’on est parti avec cinq minutes de retard, Gonzo était encore à la bourre… Voilà, bonne journée! Tuuut-tuuut-tuuut ». Vous poussez un soupir et retournez à la salle de bains où vous êtes accueillie par des gerbes d’eau. L’angle improbable du mitigeur s’est transformé en trou béant par lequel des cataractes jaillissent et menacent de transformer votre appartement en piscine olympique. Vous enlevez votre serviette, la placez sur la fuite et fermez la cabine de douche. Vous vous re-séchez en catastrophe et repiquez un sprint vers les toilettes où se trouvent les arrivées d’eau de l’appartement. Coupure de l’eau chaude, fin de la fuite.

Dimanche, 8h50: Enfin habillée, vous avez fait l’impasse sur le maquillage. Vous commencez à décommander les invités du barbecue surprise. Alors que vous êtes en pleine négociation avec le traiteur sur l’application des pénalités d’annulation. Mathilde dont le film est fini vous saute au cou en criant dans vos oreilles: « Libéréééééééééééééééééééééééééée, délivréééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééée! » Vous vous dégagez, Mathilde tombe à plat ventre nez-à-nez avec Méphisto. Les deux, surpris, fuient dans des coins opposés de l’appartement, l’un en feulant, l’autre en larmes.

Dimanche, 9h: Mathilde est à nouveau calmée. Vous vous fichez bien de ce qu’il a pu arriver au chat. Vous appelez Philibert pour ses devoirs (que son père a oublié de lui faire faire la veille) et installez des dessins pour Mathilde à côté en leur demandant de rester calme 10 minutes, le temps d’appeler un plombier.

Dimanche, 9h20, après 15 minutes d’attente, une standardiste vous informe que les réparations sont forfaitaires le dimanche. Si c’est une grosse réparation, avec le déplacement, c’est 600 euros. Pour une petite réparation, c’est 590 euros. Vous demandez à réfléchir et raccrochez, dépitée.

Dimanche, 9h30: Le réveil matin se met à sonner en mode alarme avec un buzzer surpuissant. Vous appuyez sur le bouton dédié à l’extinction du maudit appareil. Il continue de buzzer. Vous essayez les autres boutons. Il continue de buzzer. Vous tapez dessus. Il continue de buzzer. Vous le débranchez. Il continue de buzzer. Vos voisins commencent à taper à la cloison. Il continue de buzzer. Vous le mettez sous les oreillers et partez à la recherche du mode d’emploi.

Dimanche 10h00: Vous avez retrouvé le mode d’emploi du réveil matin, non pas avec les autres modes d’emploi, comme de juste, mais là où votre homme l’avait rangé, c’est à dire dans la poche intérieure de son très vieux sac de hockey, lui-même caché sous une pile de vieilles chaussures de hockey au fond du placard de la salle de bain. En l’ouvrant, vous vous rendez compte que ce sont les pages en hongrois, roumain, letton et islandais. Vous parlez huit langues couramment, mais pas celles-là. Dommage. Le réveil glisse le long de la colonne vide-ordure et s’écrase brutalement huit mètres plus bas. Il ne buzze plus.

Dimanche, 10h20: En regardant par la fenêtre de la cuisine, vous apercevez, incrédule, votre voiture sur le parking de l’immeuble. Le goujat n’est pas si goujat et a pensé à vous la laisser!!! Vous vous prenez d’un élan d’affection envers lui tel que vous n’en aviez pas éprouvé depuis longtemps. Vous repassez voir vos enfants qui viennent de terminer leurs activités et devoirs et vous leur dites que vous allez au parc faire de la trottinette. Hourra général.

Dimanche, 10h30: Tout le monde est prêt à partir. Vous prenez votre sac, les clés de la maison et… Mais où sont les clés de la voiture? Vous mettez tout le monde à contribution, y compris votre suppôt de Satan de chat.

Dimanche, 10h45: Vous appelez votre homme, en désespoir de cause. « Quoi? Je peux pas te parler longtemps, on est en plein échauffement et Nico s’énerve. Les clés de la voiture? Heuuuuuuuuuu… Ah! Elles sont dans mon sac. Non-non, mon sac de hockey. Avec moi, à Orléans. Oui, j’ai oublié de les ranger après l’entraînement de vendredi et hier on s’en est pas servi. Désolé. Bon, je file. Tuuut-tuuut-tuuut… » L’élan d’amour sus-nommé vient de disparaître.

Dimanche, 11h30: Philibert est parti jouer à la console dans sa chambre. Mathilde fait des perles chauffantes. Sonnette de la porte d’entrée. vous ouvrez et « Aaaaaaaaaaaaah!!!!!!! » Un grand bonhomme moustachu et patibulaire se tient devant vous. « Vous, pas avoir peur! Je, Khokir. Je venir pour fête musique tadjik. Je faire souvent cet effet-là. » Fichtre de nom de nom! Le musicien, vous l’aviez oublié. Et là, vous vous effondrez et racontez votre merveilleuse matinée à cet illustre inconnu. « Pas musique? Pas grave. Je pouvoir aider! Je, plombier avant à Douchanbé. Vous, donner trois minutes. Je, ranger violon et chercher outil dans voiture ».

Dimanche, 13h: Khokir a réparé la fuite pour 30 euros. Les enfants ont mangé. Mathilde est partie faire la sieste. Des copains de Philibert sont venus le chercher pour aller faire du vélo. Khokir est par ailleurs tombé amoureux de Méphisto que vous lui avez gracieusement cédé pour le remercier. Votre téléphone sonne. C’est votre homme qui va encore vous parler hockey. Vous ne répondez pas. Vous êtes bien.

Dimanche, 15h: Retour de votre homme inquiet puisque vous n’avez répondu à aucun de ses 8 coups de fil et 33 messages. Les enfants sont réveillés ou rentrés et souriants. Vous vous êtes reposée.

Dimanche, 18h: Malgré tous vos efforts, il vous a coincée et vient de passer deux heures à raconter le match, sirotant deux bières coup sur coup. Si vous avez bien suivi: défaite 1-2 à Orléans avec un but qui n’aurait pas dû compter. De toutes façons, JB fera un résumé mardi, votre seule lecture et moment d’agrément de la semaine. Il part faire une toute petite sieste parce qu’il est crevé. Vous vous dites que vous avez bien fait de mettre les laxatifs dans les deux bières.

Dimanche 21h30: Il se réveille. Vous avez nourri et couché les enfants, dîné seule avec un plateau repas, lancé et étendu une machine à laver le linge. « Ma chérie, tu sais, je fais mon possible pour que tu sois le moins embêtée par mes sorties hockey. J’espère que ce n’est pas trop lourd pour toi. Mais j’ai l’impression qu’aujourd’hui çà a été assez facile. »

Dimanche 21h31: Vous vous demandez combien de coups de crosse seraient nécessaires pour le réduire en poussière…

Dimanche, 21h32: « Heu, chérie… Il est où le chat? » puis « Oups! Il faut que j’aille aux toilettes!!!!! »

Dimanche, 21h32m30s: Vous souriez… Elle n’était pas si pourrie cette journée…