Rien ne laissait présager que ce dimanche 23 novembre verrait, sur le terrain principal de hockey sur gazon du Saint-Germain-en-Laye Hockey Club, se manifester par deux fois la puissance divine. Nul augure, haruspice, devin, marabout ou prophète, nul pronostiqueur intrépide ne les avait vues venir. Aucun romancier ou scénariste ne les aurait pu imaginer. Pourtant, vingt-deux témoins, presque devenus disciples pour l’occasion, peuvent aujourd’hui vous narrer qu’ils l’ont vu, qu’ils y étaient, et que cette histoire ils la conteront à leurs arrière-petits enfants, et qu’elle deviendra légende.
Bien chers frères, bien chères soeurs, voici les faits, sans exagération ni embellissement. La vérité nue (ndlr: l’emploi du terme « nue » est destiné à recapter l’attention de nos lecteurs attentifs mais que ce début de compte-rendu au format quasi-liturgique aurait pu déstabiliser).
C’est heureusement bien habillés que les joueurs de l’équipe 2 du HSCSM et de l’équipe 4 du SGHC entraient sur le terrain par un temps clair et légèrement frais.
Très vite, les joueurs saint-mauriens prenaient le jeu à leur compte. Nous insisterons quelques instants sur ce coup d’envoi donné par Saint-Germain et qui arriva à la limite de nos vingt-deux mètres. En effet, jamais plus, au cours de la rencontre, notre gardien n’aura l’occasion de voir la balle d’aussi près… Les occasions et tirs se succèdent. Le jeu mis en place, parfois fluide, parfois rapide,désorganisait le collectif saint-germinois. Et là, après dix-huit minutes de jeu, le ciel se déchira. Les joueurs saint-mauriens, soudain inspirés et adroits trouvaient l’ouverture. Sur une percée côté droit de Max, la menace se faisait plus pressante. Son centre trouvait enfin Marco, polo bleu short noir, qui décalait la balle pour les habiles bras de Benjamin, gatés d’une telle offrande (le jeu de mot est moins évident ici mais les cinéphiles auront trouvé). Le but laissait notre passeur décisif sans énergie et il devait quitter le terrain pour faire le plein de breuvage énergétique.
Le coup de sifflet de fin de période réveillait notre gardien qui, n’ayant eu rien à faire, ne fit rien.
La seconde mi-temps ne faisait que confirmer l’impression de supériorité de notre équipe 2 ce jour-là. Il fallut cependant attendre un bon quart d’heure pour que cette impression se concrétise par une nouvelle réalisation. Par LA réalisation. La balle circulait entre nos milieux et parvenait à Bob qui, excentré sur la droite et bien qu’ayant de multiples solutions près de lui, décidait de se faire plaisir avec le geste qu’il affectionne le plus: la balle aérienne dans la surface, « the bob’s scoop in the box », modèle déposé. Dans la zone adverse n’étaient alors présents que trois joueurs: le gardien saint-germinois, un de ses défenseurs et Marco. La balle, bénéficiant d’une trajectoire flottante imprévisible, transperçait presque littéralement le défenseur, rebondissait devant Marco parvenait à la hauteur de son épaule et… Roulement de tambour, instant dramatique… Déchirure de la couverture nuageuse que laisse filtrer un rayon de soleil. Voilà Marco baigné d’or et de lumière pendant un instant. Avec l’agilité de la panthère et l’adresse du scorpion, il provoque un mouvement rotatif vertical de sa crosse dont le bec vient imprimer à la balle une trajectoire en cloche qui lobe le gardien et achève sa parabole dans la lucarne adverse…
Ah! S’il y avait eu cinquante mille spectateurs, Marco aurait à coup sûr été nominé pour le but de l’année, peut-être de la décennie!!