Nous partîmes quatre de Saint-Maur en ce beau dimanche matin et par un prompt renfort nous retrouvâmes quinze sur le terrain de Villiers le bel.
Connaissez-vous le terrain de Villiers? Imaginez un pré synthétique vert sur lequel ont été saupoudrées des millions de petites billes plastiques noires. Assez agréable à jouer même si les rebonds sont plutôt aléatoires et que la balle se retrouve parfois transformée en superballe rebondissante.
Le match commençait presque dans les temps et avec deux arbitres de niveau international, qui composèrent une paire mixte franco-espagnole de fort bonne tenue.
Le premier but venait assez rapidement dans le match avec une bonne frappe de Benj en entrée de zone magnifiquement repoussée dans un premier temps sur Christo qui faisait à nouveau parler sa classe et son élégance: « Tudieu ami casqué! Il apparaît clairement que vous ne souhaitiez pas conserver le bénéfice de cette sphère polissonne, puisque vous me la renvoyâtes (ndlr: oui, renvoyâtes, j’ai vérifié). Permettez donc que je la reprenne de volée afin de la faire passer au-delà de la ligne de but et entre vos deux poteaux, action qui marquera l’ouverture du score pour mon équipe, je vous en remercie. »
Les Beauvillésois ne restaient pas inactifs mais ne pouvaient totalement développer leur jeu, empêchés par notre duo de demis défensifs. Ils parvenaient pourtant à lancer quelques missiles à l’intérieur de notre zone. Les reprises consécutives à ces incursions auraient pu se transformer en buts opportunistes sans les bonnes inspirations de Greg, tellement fier d’arborer son nouveau sac gardien n’avait pas hésité à lui promettre, les yeux dans la fermeture éclair, qu’il lui ramènerait une clean sheet en ce jour.
C’est alors (la dramaturgie va atteindre un sommet rarement vu dans l’histoire de ces commentaires, aussi demanderai-je au lecteur attentif bien que parfois goguenard, un effort supplémentaire de concentration) qu’en plusieurs occasions, les astres, le sol, le gardien et nos milieux de terrain allaient devenir les protagonistes d’un évènement aussi rare qu’exceptionnel, aussi distrayant pour le spectateur que destructeur pour votre serviteur.
Qui a dit « Quoi? Encore lui?! » ? C’était au troisième rang à gauche… Mais que voulez-vous que je vous dise? Les beaux buts, les actions limpides, les interceptions opportunes, les arrêts décisifs sont pour les joueurs ayant un passé de hockeyeur, voir un passif, et un talent indéniable. Que reste-t-il aux débutants lents, vieux et malhabiles? Les actions improbables, les coups du sort, les bizarreries de la crosse et les rebonds impossibles…
Or donc, alors que je venais de rentrer en jeu, la balle arrivait côté droit sur Daniel qui parvenait à déborder et à placer un centre ricochant dont la trajectoire devait sans conteste faire l’objet d’une reprise au premier poteau. Joignant le geste à la réflexion, je prenais de vitesse mon défenseur et me jetais sur la balle avec les intentions offensives les plus pures: marquer, marquer, marquer. Hélas! La désynchronisation entre la balle et ma crosse, qui n’avaient pas encore été présentées, aboutissait à ce qu’il est convenu d’appeler dans le jargon sportif en général et hockeyeur en particulier, une énorme cagade.
Quelques minutes plus tard, alors que les appels sur les côtés se multipliaient et mon endurance déclinait, une contre attaque menée pour une fois plein axe aboutissait à une belle passe en profondeur sur laquelle je me jetais avidement. Lancé à pleine vitesse (qui a rigolé?), les yeux rivés sur la balle qui cahotait entre les billes de plastique, la crosse tendue en avant telle l’éperon d’une trirème lancée à pleine vitesse, je ne distinguais pas la menace grandissante qui venait à ma rencontre. Une fraction de seconde après que ma crosse avait touché la balle, je me retrouvais sans comprendre pourquoi dans une position que les plus grands physiciens auraient considérés comme gravitationnellement anormale. La figure imposée qui m’était proposée n’avait rien du double axel ou de la triple boucle piquée: c’était un soleil, un vrai! Ou plutôt, un demi-soleil… Car il ne faut pas s’y tromper, nul ne trompe longtemps les principes physiques régissant l’univers. Surtout pas un objet volant sans aile non motorisé qu’un quintal! La gravité a donc repris ses droits, le sol s’est rapproché, et paf… L’Observatoire de surveillance de l’activité sismique en Île-de-France ne manquera pas de signaler dans la semaine qu’une secousse d’amplitude 5,3 a été ressentie de Versailles à Beauvais et de Melun à Chatou, vous savez maintenant quelle en est la cause.
Je sus par la suite que le gardien emporté par l’élan de sa sortie avait percuté mes jambes et que j’étais retombé plutôt lourdement (qualificatif que je trouve personnellement assez sévère) sur la hanche droite et avec le coude dans le plexus. Douleur fulgurante, souffle coupé mais… petit corner!Ce dernier était parfaitement exploité par Alex qui en en deux temps et trois mouvements parvenait à tromper le découpeur en chef de l’équipe adverse (même si le geste était dans le mouvement et donc finalement exécuté sans intention de nuire). 2-0 pour Saint-Maur!
Villiers accusait le coup en seconde mi-temps obligés de jouer à 10 suite à la défection de l’un des leurs, terrassé par des douleurs abdominales. Nous ne parvenions toutefois pas à développer notre jeu aussi efficacement qu’en première période et devions attendre la fin du match pour retrouver Benj et Christo dans une situation quasi similaire à celle du début de match. Cette fois-ci, Christo frappait sur le gardien et Benj reprenait d’un splendide tir cranté que le gardien beauvillésois ne parvenait à négocier.
Le tir cranté? C’est une spécialité 100% Hardy car ardue. La balle part à l’horizontale sur quelques centimètres, s’élève ou s’abaisse soudainement selon une trajectoire verticale de quelques centimètres, puis reprend sa course horizontale avant d’obliquer à nouveau verticalement et ainsi de suite jusqu’à ce qu’elle rencontre un obstacle, généralement la planche ou le filet du but.
3-0 pour Saint-Maur, score et victoire qui étaient entérinés quelques instants plus tard par le coup de sifflet ibère libérateur.
Et de cinq! Faudra-t-il que les supporters saint-mauriens utilisent les doigts de leur autre main pour compter les victoires de leur équipe? Le cratère du terrain de Villiers le bel pourra-t-il être réparé?
Autant de questions légitimes auxquelles vous trouverez une réponse en venant voir le match de vos joueurs favoris dimanche prochain au stade Marin!