Chers lecteurs, vous qui partagez la vie, l’intimité même, de notre équipe fanion depuis le début de la saison, vous méritez de connaître les circonstances parfois folkloriques, parfois dramatiques, qui nous permettent de vous rendre compte des exploits de nos joueurs semaine après semaine. Et cette semaine entre toutes va, nous n’en doutons pas, vous ébahir car ce n’est pas une première française, ni une première européenne, encore moins une première mondiale, toujours pas une première galactique, mais bel et bien une première universelle que nous nous apprêtons à vous offrir!
Après vous avoir infligé des résumés issus de mon expérience (parfois douloureuse) sur le terrain, après vous avoir affligé avec mes élucubrations (parfois douteuses) de spectateur impuissant sur sa ligne de touche, je vais vous fliger tout court avec le premier résumé d’un match dont je ne connais que le résultat et les buteurs!!!! Pour des raisons indépendantes de ma bonne volonté, j’étais en effet retenu loin de ce match (au Carrousel du Louvre, en fait, oeuvrant à la réussite de l’exposition d’Elimo, peintre contemporaine de grand talent, star en devenir de l’expression artistique, et je ne dis pas çà parce que je partage sa vie!) et ne pouvais ni jouer ni admirer le jeu déployé.
Vous l’aurez compris, dans les lignes qui suivront, le vrai se mêlera au faux et seule votre sagacité vous permettra de deviner quels éléments m’ont effectivement été rapportés et lesquels ont été imaginés. Par exemple, si j’écris « Dada marqua d’un superbe shoot de revers », vous me dîtes: « Faux!!! Il ne sait pas tirer en revers!!!!! » Vous aurez parfaitement raison, mais celle-ci était facile…
Nous voici donc sur les gradins du stade Marin de Saint-Maur, 3ème étage, tribune centrale, au sein des « Teckels Saint-Mauriens », le groupe de supporters le plus hargneux et le plus enthousiaste de notre club, pour ce qui constitue un nouveau choc de notre championnat de Nationale 3. Face à face, deux équipes n’ayant jusque là connue que la victoire. Deux collectifs ayant enchaîné les résultats positifs, voire flamboyants. Deux philosophies de jeu. Des joueurs très expérimentés, de jeunes pousses prometteuses… Rarement les vingt huit mille spectateurs présents dans l’enceinte saint-Maurienne n’avaient eu autant de raisons d’attendre impatiemment un match.
Le coup d’envoi était donné par des Rouennais chamarrés, voire bariolés, qui allaient aussitôt faire parler leur technique en faisant tourner la balle. Nos représentants exerçaient un pressing de bon aloi (je crois que c’est la première fois que l’on qualifie un pressing de « de bon aloi », seconde première universelle!) qui gênait fortement la construction rouennaise. Sur une interception de Steve au milieu de terrain, la balle circulait rapidement entre nos lignes et gauche à droite, puis à nouveau à gauche, et encore à droite, avant de repartir à gauche, puis à droite… Et alors que la moitié de l’équipe rouennaise se plaignait d’un bien légitime mal de mer, les Saint-Mauriens lançaient une première torpille par Cyril qui échouait sur le gardien adverse. C’est donc à un premier quart-temps d’observation inquiète que se livraient les deux équipes, cherchant fébrilement la faille potentielle, le manqué fatal, l’imprécision catastrophique, le maillon faible à presser… Les Rouennais n’en avaient guère, les Saint-Mauriens n’en avaient pas. 0-0 après les dix-sept premières minutes.
La technique allait parler en second quart-temps avec une sublime séquence de passes en jongles entre David, Alex et Daniel au milieu du terrain, geste technique longuement travaillé à l’entraînement, mais qui allait échouer en raison de l’absence sur le terrain du petit tuyau dans lequel faire passer la balle… Sur le contre que s’en suivait, Greg allait pouvoir faire la démonstration de sa très bonne entente avec le cadre de ses buts puisqu’une frappe rouennaise ricochait d’abord sur son montant droit, longeait paresseusement la ligne de but, sautillait sur un gravillon au moment où un Rouennais tentait de la pousser, heurtait le second montant à sa base, remontait le long du poteau dans un effort louable, frappait la transversale, rebondissait sur le casque d’un Greg aux abois, était reprise de volée par un attaquant adverse droit vers la lucarne et ne sortait finalement du but que par la grâce du positionnement heureux de « Titine », la crosse de Lucas qu’il bichonne, ponce, oint, repeint, décore et laque avec attention entre chaque match. Ouf! C’était passé près!
C’est enfin à l’attaque du troisième quart-temps que le tableau des scores allait évoluer, dans ce qui restera dans l’histoire du hockey sur gazon comme « the incredible Rouen’s coup de mou ». En l’espace de six minutes, les attaquants bleus multipliaient les phases offensives, provoquaient une multitude de petits corners et infligeaient aux visiteurs une claque retentissante dont ils ne devaient jamais se remettre. Dan en déviation et Steve avec adresse transformaient ces phases de jeu dont la maîtrise est indispensable dans le hockey moderne. Mais surtout, surtout… Le but venu d’ailleurs, la fabuleuse inspiration qui devait illuminer le match et laisser des étoiles dans les yeux de tous les spectateurs… David, Dada, Dadinho pourrait-on dire à présent, lançait plein axe un scoop qui parcourait la distance entre le point de penalty de la surface saint-Maurienne et l’entrée de la surface rouennaise… Soixante-cinq mètres et trois secondes vingt-deux centièmes de vol en réalité, une éternité pour tous ceux qui le virent… Le scoop donc trouvait à sa tombée un Daniel, Dan, Gilbert retiendra-ton, qui bien que parti après la balle de sa propre ligne de but, parvenait à s’arracher et à couvrir la distance dans le même temps. Hélas, malgré cet effort surhumain, il allait arriver trop tard, il tendait sa crosse vers le ciel, fermait les yeux, sautait par dessus le gardien et dans une extension digne d’Olivier Aton (vous chercherez…) parvenait à dévier la balle vers Quentin, nouvelle recrue du club, qui se retrouvait en position idéale, seul face au but, à douze centimètres de la ligne, et voyait son tir finir dans la planche. La foule estomaquée ne réagissait pas tout de suite mais la clameur qui suivit ce but s’entendit, paraît-il, jusqu’à Vincennes.
Inutile dès lors de vous conter la fin du match, qui devait nous permettre de conserver cet avantage de trois buts. Le HSCSM poursuit sa marche victorieuse et prend la tête du championnat!!!!
Où s’arrêteront-ils, me demandez-vous? Nul ne le sait mais nous espérons tous qu’ils nous reviendront de la trêve de la Toussaint affutés et prêts pour de nouveaux exploits!